L’IG « Granit de Bretagne » gravée dans le marbre

L’indication géographique « Granit de Bretagne » vient d’être homologuée.

Les démarches avaient été entreprises il y a trois ans. Mais il aura fallu attendre le 9 janvier 2017 pour que le cahier des charges de l’indication géographique « Granit de Bretagne », déposé par l’association Indication géographique granit de Bretagne (IGGB) auprès de l’INPI, soit homologué.

Décerné par l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), cet équivalent de l’AOC s’est ouvert en juin 2015 aux produits manufacturés pour attester de leur caractère spécifique et historique.

Cette indication certifie que le granit breton a bien été extrait de carrières bretonnes et a été façonné dans des ateliers bretons. Un atout pour rendre plus visible à l’export leur savoir-faire et contrer, même en France, la production de l’Empire du Milieu.

La filière bretonne du granit représente environ 700 emplois. Elle est répartie dans une trentaine de carrières et une centaine d’unités de façonnage. En outre, elle réalise un chiffre d’affaires annuel de 60 millions d’euros réparti à 45 % dans le funéraire, à 35 % dans les aménagements urbains et les bâtiments, et à 20 % dans d’autres prestations.

Plus de 1000 «fausses méningites» en RD Congo à cause de médicaments falsifiés

Plus de 1000 patients ont été victimes d’un médicament falsifié ou mal étiqueté en République démocratique du Congo, dont une majorité d’enfants. Onze personnes sont mortes.

En décembre 2014, plus de mille habitants du district d’Ituri, en République démocratique du Congo, furent victimes d’une étrange épidémie: des spasmes dans le cou interprétés comme des raideurs firent penser à une épidémie de méningite. Mais l’épidémiologie ne correspondait pas, et les autres symptômes cliniques de la méningite, notamment la fièvre, étaient absents. Parmi 83 patients chez qui le doute subsistait, une ponction lombaire fut réalisée: la bactérie Neisseria meningitidis, responsable de la méningite, ne fut retrouvée que chez 4 d’entre eux. C’est en regardant des vidéos de patients et en notant des troubles moteurs (dystonie) du tronc et de la face que des neuropédiatres soupçonnèrent une intoxication…

Au total, 1029 personnes furent hospitalisées entre décembre 2014 et août 2015 pour des dystonies ou des cas suspects de méningite, relatent dans le Lancet. Plus de 60% des patients étaient des enfants âgés de moins de 15 ans. Les dystonies sont rarement mortelles, précisent les auteurs, mais sont source d’inquiétude, de panique et de honte. Lors de cette épidémie, 11 patients décédèrent, dont 5 âgés de moins de 5 ans.

Un antipsychotique 20 fois trop dosé

Quel mystérieux produit avait bien pu provoquer cette épidémie? Des analyses toxicologiques de l’urine de 9 patients, et de 39 médicaments disponibles en pharmacie ou dispensés par un centre de santé gouvernementale furent réalisées. Verdict: de l’halopéridol, un neuroleptique antipsychotique, fut détecté dans tous les échantillons d’urine et dans 9 comprimés jaunes présentés comme contenant du diazépam, un anxiolytique de la famille des benzodiazépines fréquemment délivré dans la région, notent les auteurs, «pour traiter un large champ de maladies contre lesquelles le diazépam ne devrait pas être utilisé» («des troubles du sommeil aux maux de tête, en passant par le paludisme», précise le Dr Nicolas Peyraud, premier auteur de la publication, dans un communiqué de Médecins sans frontières).

La dose moyenne par comprimé était de 13,1 mg d’halopéridol, soit «20 à 25 fois la dose quotidienne maximale recommandée pour un enfant de 5 kilos», écrivent les auteurs.

Comprimés reconditionnés

«Il est plus que probable que ces comprimés étaient des médicaments contrefaits, délibérément et frauduleusement mal étiquetés», dénoncent les auteurs. Les comprimés semblaient venir d’un laboratoire indien commercialisant officiellement de l’halopéridol, mais auraient été reconditionnés dans des bouteilles estampillées «diazépam» et vendus par un distributeur basé à Kampala (Ouganda).
«Les systèmes de régulation médicale fragiles, des sanctions trop faibles, la corruption et des frontières poreuses rendent les populations extrêmement vulnérables aux médicaments toxiques ou sous-dosés», alertent les auteurs du Lancet, évoquant des «productions à échelle industrielle de versions falsifiées» des médicaments les plus utilisés.

Contrefaçon

Un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estimait ainsi en 2010 que parmi 26 autorités de régulation sanitaires en Afrique, 14 «manquent de programme de surveillance qualité». En avril 2013, l’Organisation mondiale des douanes et l’Institut de recherche anti-contrefaçons de médicaments opéraient une saisie record dans 23 ports africains: plus d’un milliard de produits avaient été saisis en 10 jours, «et en particulier 550 millions de doses de médicaments illicites potentiellement dangereux voire mortels». Les plus gros volumes avaient été découverts en République Démocratique du Congo et au Togo. Un an plus tôt, un rapport de l’organisation douanière estimait que près de 10 milliards de médicaments contrefaits étaient chaque année introduits sur le continent africain pour une valeur de 3,85 milliards d’euros. Les auteurs du Lancet espèrent que cette «épidémie» congolaise serve d’appel d’alerte à la communauté internationale.

Soline ROY


lefigaro.fr (20/01/17)

Contrefaçon : Alibaba se retrouve dans le viseur des États-Unis

Encore un mauvais coup de pub pour Alibaba, le géant chinois de l’e-commerce. Son site Taobao a rejoint la liste noire américaine des plateformes permettant la vente de produits contrefaits.

Rebelote. Taobao, l’eBay chinois détenu par Alibaba, a été placé mercredi dans la liste noire du représentant spécial au Commerce extérieur américain (USTR). Il recense annuellement les « marchés notoirement réputés » pour « permettre et faciliter la vente de produits contrefaits ». L’objectif: interpeller les entreprises concernées et les gouvernements.

La plateforme chinoise avait déjà rejoint la liste noire de l’agence américaine en 2011, avant d’en sortir un an plus tard. Alibaba avait ensuite déclaré avoir dépensé 160 millions de dollars entre 2013 et 2014 pour traquer la contrefaçon sur ses plateformes, rapporte le Financial Times. Insuffisant pour l’agence américaine. L’USTR dénonce un niveau « élevé inacceptable » de produits contrefaits disponibles sur Taobao, qui propose un milliard d’articles à la vente. En octobre dernier, l’Association américaine du vêtement et de la chaussure – qui représente 1.000 marques dont Calvin Klein et Abercrombie and Fitch – incitait « vivement » l’USTR à réintégrer Taobao dans sa liste noire.

La contrefaçon constitue une « grave menace économique pour les industries créatives et innovantes américaines » et pose « parfois des menaces pour la santé publique », selon l’agence américaine. « Un grand constructeur automobile a déclaré qu’au moins 95% de la marchandise portant le nom de sa marque et de ses marques de commerce sur les plateformes d’Alibaba est suspectée d’être contrefaite », illustre l’USTR.

380 millions de produits retirés de la vente

Si cette liste ne permet pas de sanctionner directement Taobao, elle porte un nouveau coup à la réputation du groupe Alibaba – régulièrement enlisé dans des affaires de contrefaçon. « Nous sommes très déçus par la décision de l’USTR (…) qui ignore le travail réalisé par Alibaba pour lutter contre la contrefaçon », déclare dans un communiqué Michael Evans, président du groupe Alibaba. « Nous nous demandons si l’USTR a agi en fonction des faits réels ou a été influencé par le climat politique actuel », faisant allusion aux réflexions hostiles de Donald Trump envers la Chine.

Le groupe Alibaba avait adressé une lettre à l’agence américaine en octobre dernier, rapporte Bloomberg. Il assurait avoir retiré 380 millions de produits en douze mois. « En 2016 seulement, nous avons éliminé de manière proactive deux fois plus de produits contrefaits qu’en 2015 », assure Michael Evans. En 2015, Alibaba a fait face à une plainte du groupe Kering (Gucci, Yves Saint Laurent…) quelques mois après avoir été critiqué en Chine. Lors d’une inspection menée par l’Administration d’Etat pour l’industrie et le commerce (AEIC) chinoise, il est apparu que seuls 37,3% des produits étaient « authentiques » sur Taobao – quand les autres sites ont obtenu en moyenne quelque 58%.
Anaïs Cherif

latribune.fr/Reuters (23/12/16)

Contrefaçons : Bercy veut en savoir plus

En pleine période d’échange de cadeaux, Bercy boucle une double enquête sur la contrefaçon. Ce marché mondial de près de 500 milliards d’euros constitue la deuxième source de revenus criminels. La France n’est pas épargnée, elle est à la 3e place des pays les plus touchés ces dernières années.

C’est de pire en pire. Les douanes ont saisi en France l’an dernier un nombre impressionnant d’articles de contrefaçon. 7 700 000 objets contrefaits. 800 000 seulement en 2002. Et ces imitations coûtent chaque année près de 40 000 emplois à la France, bien au delà du luxe et du textile comme ça a longtemps été le cas. Aucune PME n’est à l’abri: médicaments, cosmétiques, lunettes, jouets, produits multimédias et même de l’agroalimentaire ou Tickets-Restaurant… 53% des entreprises se sentent directement concernées d’où ces deux enquêtes inédite. Sur son portail internet, Bercy a carrément lancé un appel à témoigner.

Vaincre l’omerta autour de la contrefaçon

Tout le monde est appelé à s’exprimer. D’abord les consommateurs pour mieux cerner ce qu’ils perçoivent du problème en une dizaine de questions. Bercy leur demande par exemple: Au cours des 12 derniers mois, avez-vous acheté des contrefaçons ? Pensez vous que les consommateurs ont un rôle à jouer dans la lutte contre ce phénomène ?

Du côté des entreprises, Bercy leur demande quels sont leurs produits les plus touchés par la contrefaçon, on ne parle que des biens matériels, quelles pertes de parts de marché ça entraine ? Comment l’entreprise lutte-t-elle contre ce fléau ? Et au bout d’une trentaine de questions, Bercy propose même un entretien privé plus poussé pour littéralement disséquer le cas de cette entreprise volontaire.

Un phénomène difficile à mesurer

Il n y’a quasiment pas de statistiques sur la contrefaçon et pour cause, tout est clandestin. Donc l’idée est de comprendre parfaitement comment ça marche et pourquoi, de manière à lutter efficacement. Il faut donc un panel volontaire d’au moins 40 entreprises concernées. Anonymat garanti. Les témoins ont encore quelques jours pour répondre aux questions. Mais selon Bercy, entreprises comme consommateurs se sont prêtés à l’exercice depuis deux mois. Reste maintenant à analyser toutes ces informations dans la plus grande confidentialité. Cela devrait prendre plusieurs mois.

francetvinfo.fr (28/12/16)